Il y a 10 ans, je devenais maman de jumeaux… et ma vie a basculé

Ce dimanche, mes enfants ont 10 ans. Dix ans… J’ai décidé de profiter de cet anniversaire si symbolique pour partager ce récit qui date de 2019, quand je l’ai écrit, et dont je ne changerai pas un mot, tant il est puissant, et j’avais envie d’en reparler au grand jour alors voici un bout de mon histoire, de notre histoire. Alors commençons par le commencement, quand je suis tombée enceinte… et que tout a changé.

Décembre 2014, prise d’une intuition je décide de faire un test de grossesse après 2 mois d’essais, qui me montre un léger trait rose, est-ce le début d’une vie à 3 ? La prise de sang confirmera que oui je suis bien enceinte !

Février 2015, la 1ère échographie. Encore une fois prise d’intuition je me sentais vraiment très bizarre comme s’il allait se passer quelque chose d’étrange… La gynécologue me passe la sonde pour procéder à l’écho et j’ai compris immédiatement… Là je l’entends s’exclamer limite de joie :

« Oh bah ça alors, il y en a plusieurs ! » Moi 😖😭

Et elle se met à les compter : « Un, deux… c’est tout ! »

C’est tout ??? C’est tout ??? Je me mets à pleurer de désespoir, je vois mon mari se tenir au bureau de la gygy à la limite du malaise… bref LE CHOC.

« Oh bah pourquoi vous pleurez ? »

« Parce que je suis pas contente ! Parce que j’ai peur ! Oui j’ai peur de mourir ! »

C’est la seule réelle crainte qui m’est venue à l’esprit (car ma mère a failli mourir à ma naissance, j’imagine que ça m’a laissé des séquelles…)

On termine l’écho, l’achat du doudou s’est transformé en un retour maison silence de mort dans la voiture, j’ai pleuré toute la nuit me demandant pourquoi ? Pourquoi moi ?

(Vous sentez la meuf super heureuse de la nouvelle ou pas là ?? 😅)

La suite de la grossesse se passe bien, je me sens bien, en pleine forme, j’ai fini par accepter et m’estimer même très chanceuse.

Mai 2015, ça se complique ! Ma grossesse qui se déroulait parfaitement bien prend un tournant pas super bien du tout !

Alors que je passais une échographie de contrôle, le gygy examine mon col et m’annonce :

« Il est raccourci, on va aller faire un monitoring pour contrôler tout ça, vous allez sûrement passer la nuit ici. »

Euh… pardon ? J’ose pas y croire, je pars aux urgences et j’ai ma gygy du début qui m’annonce que je pars dès le lendemain dans un hôpital de niveau 3 car je suis en risque d’accouchement prématuré.

Je lui demande :

« Mais pour combien de temps ?? »

« Jusqu’à 32 semaines. »

« Quoi ??????? On m’a dit juste une nuit et là je passe d’une nuit à 5 semaines ??? »

La gygy, pas du tout affolée :

« Ça arrive souvent avec les jumeaux, vous ne devez plus bouger. » 😭😭😭

Le lendemain matin je pars donc à l’hôpital allongée tel un malade à l’agonie avec une ambulance.

Juin 2015, je suis toujours à l’hôpital. Tout va bien, enfin c’est ce que je veux croire plus que tout, parce qu’entre les risques de ceci et les contrôles pour cela, mes nerfs sont à rude épreuve. On me fait rentrer chez moi quelques jours avant les 32 semaines de grossesse car tout va bien, mais je dois rester alitée au maximum avec contrôle régulier d’une sage-femme.

Bien arrivée chez moi, le lendemain la sage-femme vient me contrôler puis repart, coup de téléphone :

« Oui Mme M. (j’étais pas encore mariée à cette époque), le médecin veut vous voir immédiatement. »

Question bête :

« Je vais rester, c’est ça ? »

« C’est possible, alors prenez des affaires. »

Moi 😭😭 (et pourtant en vrai j’ai pas tant pleuré, je me suis assez bien contenue 😂)

Donc je retourne aux urgences, contrôle… et là on m’annonce qu’on doit me faire repartir à l’hôpital de niveau 3 car il me reste 4 jours en grande prématurité.

Et là, clairement, je pète les plombs. Une hystérique qui hurle dans les urgences à bout de nerfs, qu’on n’arrête pas d’inquiéter pour tout et rien, à qui on fait subir un stress inimaginable… alors là oui j’ai craqué, comme jamais j’ai pété les plombs de ma vie.

Bref une vraie malade.

Mais ça a payé : on m’a laissé finir mes 4 jours à l’hôpital de ma ville. Ouf !

Je suis donc réhospitalisée sur place pour encore 2 semaines, au moins le temps de passer les 34.

Juillet 2015, tout va bien, du moins rien ne se complique…

Le 8 juillet, jour de mon anniversaire, je demande à rentrer chez moi et finir ma grossesse tranquillement sachant très bien qu’il me restait très peu de temps, question de jours.

On me dit oui, écho de contrôle avant de partir, et je peux rentrer.

Mais vous croyez vraiment que je suis rentrée chez moi ??…..

À l’écho, le doc me dit :

« On vous garde et on programme l’accouchement pour la semaine prochaine. »

Moi (je vous laisse deviner la suite…)

Donc je reste encore…

Le lendemain je vois ma gygy et on programme ma césarienne au 16 juillet, il me reste donc plus qu’une semaine à rester couchée et à attendre.

12 juillet, les choses se gâtent encore, le médecin de garde me demande de passer un monitoring de contrôle le lendemain matin en salle de naissance juste « au cas où ».

C’est ça, prenez-moi pour une débile, je vais accoucher c’est sûr, je le sens, mais par pitié pas le 13, c’est l’anniversaire de mon neveu !

13 juillet, je me rends à la maternité pour mon monitoring à 8h.

On me demande des formalités qui me font penser qu’on ne me dit rien mais que tout le monde sait très bien ce qui va se passer…

Vers 9h, la sage-femme me dit :

« Bon Mme M., vous sentez pas que vous contractez ? Dès que le médecin de garde arrive on vous passe au bloc. »

Et voilà… ce qui ne devait pas arriver, arriva.

À 10h10, je passe au bloc, une dizaine de personnes autour de moi, je tremble, j’ai peur, je me mets à raconter ma vie pour ne pas penser, je sers la main de l’anesthésiste quand tout à coup j’entends un bruit au loin, un petit pleur de bébé.

On me montre ce tout petit être de 1,9 kilo, puis son frère jumeau de 1,6 kilo, sous le coup du stress je ne réalise absolument pas et je n’ai aucune émotion à ce moment-là.

On me referme et je retrouve mon mari en salle de réveil. Je vous passe les complications post césarienne, mais j’ai jamais autant eu mal de ma vie.

Ils vont bien, il les a emmenés en néonat au travers d’une couveuse.

Moi je ne les ai pas du tout revus depuis ces 10 brèves secondes au bloc.

14 juillet, le début du calvaire.

Ce moment où tu sais que t’en as toujours pas fini avec les hôpitaux.

Je peux enfin aller les voir (je vous dis pas comment ça m’a motivée à essayer de me lever).

J’y vais et là le choc !

Ils sont tout petits et je ne me suis jamais occupée d’un enfant avant eux. Eux, tout petits, perfusés et câblés de tous les côtés…

Le début d’un mois en néonat où le cauchemar des inquiétudes a continué…

Où j’ai pleuré tous les jours, encore une fois, me demandant :

« Mais pourquoi moi ? » …

Après 2 mois d’hospitalisation, je suis rentrée chez moi, seule et vide. Je n’ai pas voulu rester là-bas, c’est mon choix. Ils étaient bien entourés et en sécurité, et j’y allais tous les jours.

Puis le 13 août, j’ai reçu un appel comme quoi ils pouvaient rentrer à la maison.

La plus grosse mission de ma vie allait commencer…

Voilà. J’aime beaucoup lire ce genre d’article qui nous fait nous sentir moins seules dans ces moments-là, alors j’espère qu’il vous a plu.

Je vous avoue qu’il a été difficile à écrire, parce que je n’aime pas me rappeler de tout ça et 10 ans plus tard, en relisant ces mots, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer.

Et surtout maintenant c’est d’autres soucis de la vie de parents, dont je parle dans cet article sur les injections d’hormones de croissance, de cette grossesse compliquée et prématurée ils en ont gardé un retard de croissance, l’enjeu pour ces 10 prochaines années, va être de le combler.

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